Interview Thierry Saussez
Pourquoi avoir écrit le Manifeste de l'Optimisme?
Après une vie professionnelle bien remplie, j’avais envie de rendre à la société et aux autres une partie de ce qu’ils m’avaient apporté. J’avais toujours pris beaucoup d’engagements sur le terrain et passé beaucoup d’années en politique, donc j’avais de nombreuses questions.Je me demandais toujours dans quel oxymore français nous sommes, puisqu’une majorité de Français se déclare heureux sur le plan individuel tandis que nous sommes le peuple le plus pessimiste sur le plan collectif. Il y a bien sûr des raisons qui sont connues, le chômage, le manque de vision des politiques et puis notre supposée mauvaise humeur d’enfant gâté...
Même si j’ai toujours pensé qu’il y avait une part de jeu dans cette réponse, son résultat est catastrophique sur le plan national. J’ai donc considéré qu’il y avait un enjeu sociétal majeur à promouvoir l’optimisme.
Comment faire pour rapprocher nos bonheurs individuels du bonheur collectif ?
Comment être optimiste si cela n'est pas dans sa nature?
C’est essentiel d’y parvenir! Car nous avons des preuves scientifiques, qu’une pensée négative fait monter l’adrénaline, apporte des complications médicales tandis qu’une pensée positive crée de la dopamine, de l’ocytocine et nous permet d’être dans un cercle de santé vertueux.
La part de bonheur génétique héritée de ses parents est de l’ordre de 50 %. Il y a une part liée à son environnement qui est assez faible de l’ordre de 10 % . Et la part de bonheur à construire, qui dépend uniquement de notre volonté, compte pour 40 % de notre bonheur. Cette part qui dépend de notre propre volonté est évidemment considérable et c’est sur celle-là qu’il faut travailler chaque jour.
De la même façon, l’expression de la gratitude, être reconnaissant, le dire et sourire alimentent nos neurones. C’est d’une certaine façon, accrocher son char à une étoile...
Comment être maître de son destin, être moteur du changement dans notre vie ?
J’avais donc découvert ce que je considère être une révolution : nous avons tous en nous les moyens d’aller mieux.
Par ailleurs, j’ai découvert deux autres choses.La première, c’est qu’il y a une très grande différence entre les optimistes et les pessimistes qui n’ont pas le même rapport à l’espace et au temps.Pour le pessimiste, c’est toujours foutu, pour l’optimiste, si ça ne va pas, ça ira mieux demain.
J’aime beaucoup cette phrase de Marielle dans le film de Corneau “Tous les matins du Monde” ...“la vie est belle à proportion qu’elle est féroce”.
La deuxième chose qu’il faut comprendre, c’est que nous ne sommes pas des optimistes béats. Nous sommes lucides, on comprend mieux le bonheur après avoir connu des difficultés. Il faut donc une certaine sagesse pour relativiser et voir le bonheur là ou il se trouve.
On pourrait résumer en disant qu’il y a un travail à accomplir pour trouver sa voie, voir la vie avec optimisme, expérimenter de nouvelles choses, garder de la curiosité, construire différents projets.
Il faut mener plusieurs vies parce qu’à la fin cela finit par en faire une.
Nous avons donc créé en 2013 le Printemps de l’optimisme pour faire progresser l’optimisme en France et répandre des énergies positives. Nous avons pendant sept ans organisé des manifestations pour l’optimisme, créé des délégués départementaux, nous avons 40 000 fans et nous préparons le train de la relance des énergies positives en 2021, parce qu’il semble que dans la période actuelle, cela devient de plus en plus important.
Il n’y a pas de temps à perdre…
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